La Cistude d’Europe

La Cistude d’Europe (Emys orbicularis)



Statut de protection

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  • Directive "Habitats" : annexe II et IV
  • Convention de Berne : annexe II
  • Liste rouge de l’UICN
  • Espèce de reptile protégée au niveau national en France (art. 1er)
  • Cotation UICN : Monde : faible risque (quasi menacé) ; France : vulnérable
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Description

Tortue d’eau douce. Poids moyen de l’adulte : 400 à 800 g. Carapace aplatie (hydrodynamique) de forme ovale mesurant de 10 à 20 cm pour l’adulte, tandis que celle du jeune à l’éclosion ne mesure que 2 à 3 cm.

Carapace noirâtre à brun foncé avec, souvent, de fines taches ou stries jaunes ; plastron jaune plus ou moins taché de brun ou de noir, mobile chez l’adulte ; tête et cou ornés de taches jaunes.

Pattes palmées pourvues de fortes griffes (5 sur antérieures, 4 sur postérieures) ; queue longue et effilée.

Dimorphisme sexuel : queue des femelles plus courte (8 à 8,5 cm contre 9 cm chez le mâle adulte) et plus étroite à la base, carapace plus ronde ; plastron légèrement concave et taille plus petite chez les mâles.




Biologie de l'espèce



L’accouplement s’effectue de mars à octobre avec un maximum en avril-mai. La ponte a lieu principalement en mai-juin-juillet sur des sols chauds, exposés au sud (non inondables, sableux ou sablo-limoneux, bien dégagés).

Les jeunes naissent à l’automne après un développement embryonnaire de deux à quatre mois.

L’espérance de vie serait de 40 à 60 ans, voire plus de 100 ans en captivité.

Elle sort de l’hivernage dès les premiers jours d’insolation continue, à partir de fin février.

C’est une espèce essentiellement diurne. Elle prend des bains de soleil au bord de l’eau (ex. : roselière mais aussi pierre, branchage, tronc d’arbre, etc.) quand la température de l’air est supérieure de 4°C à celle de l’eau ; son optimum thermique est de 25°C.

Farouche et discrète, elle plonge au moindre dérangement ou si la température de l’air varie de manière importante.

Elle passe la nuit dans l’eau, immobile, pattes et tête pendantes.

La Cistude est une espèce sédentaire qui passe la majeure partie de son cycle de vie dans l’eau. Elle se déplace de 40 à 80 m par jour en moyenne dans un étang mais peut migrer naturellement ou en cas de « catastrophe » (ex. : assec estival de l’étang) vers un autre point d’eau situé à plusieurs centaines de mètres ; les mâles sont plus mobiles (déplacements parfois supérieurs à 1 km).

Elle ne défend pas de territoire mais on observe cependant des compétitions entre mâles lors de la période de reproduction. Le territoire de vie existe (ex. : partie d’un étang) mais il est fluctuant, l’animal pouvant changer d’emplacement (ex. : autre partie de l’étang ou autre étang). Il n’existe pas d’organisation sociale particulière mais, bien qu’indépendant, l’animal supporte bien la vie en commun.

La Cistude est presque exclusivement carnivore. Elle se nourrit dans l’eau, principalement dans la végétation à myriophylles (Myriophyllum spicatum) et nénuphars (Nuphar lutea, Nymphaea alba), mais aussi dans la roselière. Son régime alimentaire se compose principalement d’insectes, de mollusques aquatiques, de crustacés et de leurs larves. occasionnellement, elle peut se nourrir de poissons malades ou morts, d’oeufs de poissons, d’oeufs et de têtards de batraciens, de sangsues, etc. Exceptionnellement, la Cistude peut s’alimenter d’oisillons ou de petits rongeurs qu’elle entraîne sous l’eau, noie et déchiquette.

Facteurs écologiques - Habitats



La Cistude habite généralement les zones humides ; on la trouve de préférence dans les étangs, mais aussi dans les lacs, marais d’eau douce ou saumâtre, mares, cours d’eau lents ou rapides, canaux, etc. Elle affectionne les fonds vaseux - ou rocheux en Provence et en Corse - où elle trouve refuge en cas de danger ou pendant l’hivernation et l’estivation. La présence d’une bordure plus ou moins étendue de roseaux (Phragmites australis) ou de joncs (Juncus spp.), de végétation aquatique flottante est de même recherchée. Elle apprécie les endroits calmes et ensoleillés, à l’abri des activités humaines, en particulier la roselière jeune où elle peut se chauffer sans avoir à se réfugier dans l’eau constamment.

 

Facteurs favorables

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Facteurs défavorables

  •  régression des zones humides
  • dégradation de la qualité de l’eau
  • limitation de la végétation aquatique et de la roselière par des moyens mécaniques ou chimiques
  • destruction des pontes par mise en culture ou retournement des prairies
  • régression des roselières sous l’impact des ragondins
  • présence d'espèces exotiques plus aggressives(Tortue de Floride...)


 


Principes de conservation des populations et des habitats



D’une manière générale, la conservation de la Cistude passe par la conservation des zones humides. Elle se raisonne donc à une vaste échelle et nécessite la prise en compte de l’activité humaine.

Préserver la tranquillité des animaux en limitant l’accès du bétail ou des promeneurs à une partie du point d’eau.

Protéger les concentrations de pontes au moyen de clôtures, de cloches grillagées ou de répulsifs olfactifs.

Donner un véritable statut à la Tortue de Floride (classement en espèce nuisible).

Éviter le lâcher de tortues de Floride dans la nature (organisation de la récupération et du stockage).

Interdire la pose de filets type « verneux » dans les secteurs occupés par l’espèce ou laisser la chambre à mi-eau pour que les tortues ne se noient pas.

limiter les intrants dans le point d’eau ; en particulier, proscrire l’utilisation d’herbicides

  • conserver une surface suffisante de végétation aquatique ;
  • ne pas effectuer de travail du sol sur les sites de ponte identifiés
  • conserver le milieu terrestre proche du point d’eau ouvert par la fauche ou le pâturage
  • maximiser la surface de contact entre l’eau et la roselière
  • dans certaines régions, conserver les roselières et la végétation aquatique en limitant les populations de ragondins et rats musqués (Ondatra zibethicus)
  • effectuer le curage des canaux aux périodes d’activité des animaux (avril-octobre).


 
 

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En téléchargent le document d'objectif, vous aurez la liste des espèces présents sur les marais de l'Erdre.