Les Habitats NATURA 2000 présents sur le site des marais de l'Erdre
L’inventaire écologique a permis de lister, sur l’ensemble du site, 14 habitats d’intérêt communautaires, dont 4 prioritaires.
Habitats prioritaires (suivant Natura 2000)
Tourbière active à Bruyères et sphaignes (71.10)*
La tourbière de Logné représente la dernière tourbière active de plaine du sud-ouest de l’Europe. Elle est connue et réputée depuis de nombreuses années et fait l’objet de suivis scientifiques réguliers de la part de l’Université de Nantes et de l’association de Bretagne Vivante.
La zone active occupe encore une surface conséquente et présente une flore particulièrement riche et rare. Près de la moitié des espèces présentant un intérêt patrimonial a été recensée sur cette zone.
Bas marais à Marisques (72.10)*
Ces bas-marais forment de vastes ensembles présents au sud des marais de Mazerolles et en aval de la tourbière de Logné. Selon les écrits de L. VISSET, cet habitat est présent sur une bonne partie du marais sauvage où il occupe des surfaces plus ou moins vastes. La densité de la végétation a rendu la cartographie exhaustive du secteur impossible. Cependant, cet habitat a été répertorié sous la forme d’un peuplement important à l’est de l’île Melée, en association avec la phragmitaies et la myricaie. Le reste du marais doit probablement encore le contenir en formation diffuse.
Dans le marais endigué, quelques petites zones sont encore présentes, mais elles sont très relictuelles et semblent souffrir d’une exondation trop importante. Ces peuplements étaient décrits comme abondants dans le Marais de Saint- Mars-du-Désert, mais les opérations d’assèchement et d’extraction de tourbe ont réduit leur aire de répartition.
Les bas-marais à Cladium mariscus sont habituellement décrits en système alcalin ; ils se trouvent donc ici en position originale en mélange avec des communautés acidiphiles (Molinie, Laureau, …). Les marais de l’Erdre ont plutôt une tendance acide oligotrophe, mais les eaux de surface doivent probablement être plus neutres. Cet aspect neutro-acidiphile renforce l’intérêt patrimonial de ces habitats.
Les tourbières boisées (91.D1)*
Cette communauté est uniquement présente en bordure de la tourbière haute « active » de Logné. Elle peut être interprétée comme une évolution dynamique naturelle de la tourbière lors de son exhaussement progressif. Elle succède ainsi aux formations arbustives basses à Laureau (Myrica gale). Son extension est de plus en plus importante et tend à s’accélérer suite au renforcement de l’influence humaine qui favorise les phénomènes d’assèchement sur le secteur. Bien que les espèces caractéristiques de la tourbière active soient encore présentes (Sphaignes, Vaccinum), l’extension de la molinie et la fermeture du milieu par le bouleau montrent une évolution vers des boisements sur tourbe inactive (il perdrait alors son intérêt au niveau européen). L’extension de ces boisements doit être maîtrisée pour favoriser la tourbière active ouverte.
Forêts alluviales résiduelles à Aulnes glutineux (91.E0)*
Ces boisements marécageux nettement inondables sont présents sur l’ensemble du site : en bordure de l’Erdre, à la faveur de bras morts et aux exutoires des principaux affluents. Ils sont caractérisés par une strate arborée peu élevée exclusivement à Aulnes ; la strate arbustive est quasiment inexistante, le sous bois est alors dominé par les grandes fougères marécageuses 0smunda regalis, Thelypteris palustris et les tourradons de Carex paniculata. L’Iris pseudacorus ; quelques ombellifères sont également présentes comme Peucedanum palustre et Angelica sylvestris.
C’est principalement dans ces formations boisées qu’a été trouvée le plus fréquemment la Renoncule Grande Douve, espèce protégée au niveau national, pourtant réputée liée aux roselières. Contrairement au reste du Massif Armoricain, les aulnaies marécageuses ne sont pas ici uniquement développées de façon linéaire sous forme de ripisylves ou en fonds de petit vallon déprisé, mais occupent également de vastes surfaces (l’Onglette, marais du Far, marais sauvage de Mazerolles, …), ce qui représente une grande originalité du bassin de l’Erdre aval.
Habitats d'intérêt communautaire non prioritaires
Eaux acides oligotrophes (31.10)*
Deux associations correspondant à cet habitat ont été recensées sur le site, il s’agit du Potamion polygonifolius et de l’Hyperico elodis-Potamogetonetum polygonifolii. Ces habitats sont facilement identifiables et forment des herbiers immergés et flottants plus ou moins étalés. Ces formations pionnières marquent souvent le premier stade d’évolution vers les tourbières à sphaignes, pour peu que les eaux conservent leur oligotrophie.
Leur présence reste encore significative, bien que les principaux plans d’eaux observés tendent à évoluer vers des systèmes plus eutrophes, risquant à terme de faire disparaître ces communautés. Le cœur impénétrable des grands marais de l’Erdre reste nettement plus oligotrophe que les zones externes visitées. La présence de cet habitat est donc potentiellement plus importante.
Végétation pionnière de bords des eaux oligotrophes (31.30)*
Cet habitat se rencontre au niveau des replats exondables des petites mares et des dépressions sur les tourbières plates. Trois associations ont ainsi été recensées : le Scirpetum fluitantis, l’Hydrocotylo-Baldelion et la plus représentée sur l’Erdre le Nanocyperion (groupement à Nénuphar).
Ces petits gazons courts, couvrent souvent une faible frange sur les pourtours des plans d’eau et se retrouvent au pied des roselières et des prairies hygrophiles ouvertes. Leur présence est également menacée par l’eutrophisation et l’assèchement de certains secteurs qui tendent à fermer le milieu.
Plans d’eau eutrophes (31.50)*
A l’inverse des formations oligotrophes, les mares eutrophes sont largement dominantes sur le secteur des marais de l’Erdre. La minéralisation des eaux dans pratiquement toutes les zones ouvertes sur l’extérieur favorise ces formations. Celles-ci recouvrent entièrement les mares et les douves dans certains secteurs (Blanche Noë, Dureaux-les Belles, Logné, extrémités du marais endigué de Mazerolles). Les lemnacées et les Hydrocharis sont largement dominants. Dans les secteurs ombragés, ce sont préférentiellement les Hottonietum (groupement à Hottonie) qui se développent en formant souvent de belles populations.
Les utriculaires sont rares et se rencontrent le plus fréquemment en mélange avec les communautés oligotrophes décrites précédemment, soulignant ainsi la minéralisation progressive de ces mares.
A noter que l’ensemble des habitats aquatiques présents sur le site, est fortement menacé par la propagation des plantes envahissantes (Jussie, Myriophylle du Brésil).
Végétation flottante des rives (32.60)*
Ces herbiers aquatiques sont faiblement représentés sur le secteur en raison de la turbidité des eaux et la faiblesse des courants. Les quelques stations rencontrées correspondent à de petits affluents de l’Erdre. La Callitriche forme alors des petites touffes accrochées sur le fond qui s’étalent en suivant le courant. Ces formations contrastent avec les communautés des zones lentiques plus courantes sur l’Erdre.
Prairie acide humide des sols tourbeux (64.10)*
Les communautés acides à Molinie ou à Jonc à fleurs aigue se rencontrent globalement dans des stations humides similaires souvent gérées de manière très extensive par la fauche. Toutefois, la Molinie affectionne les secteurs faiblement minéralisés alors que le jonc envahit les sols plus riches. Les secteurs les mieux représentés sont le marais de Blanche Noë et les prairies externes autour de la tourbière de Logné (pour les prairies à Molinie) et dans la plupart des marais encore exploités pour les prairies à jonc. Cet habitat représente souvent un stade transitoire, successif à l’abandon des pratiques agricoles. Il évolue alors, sans entretien, vers des fourrés puis des boisements acidophiles.
Mégaphorbiaie hygrophile planitaire (64.30)*
Les mégaphorbiaies occupent le plus souvent les zones de bas fond en marquant la limite entre les prairies cultivées et les zones de marais. Les abords des douves et des fossés de drainage peuvent également présenter de petites mégaphorbiaies linéaires. Ces communautés hautes particulièrement colorées en période de floraison abritent souvent de nombreuses espèces patrimoniales comme la Gesse des marais, la Grande Douve ou le Peucédan des marais. La richesse spécifique est également très importante dans ces communautés.
La densité de ces peuplements et leur localisation dans les bas fonds nitrophiles favorisent leur stabilité. Ils sont donc principalement menacés par le remblaiement visant à élargir les surfaces exploitables.
Les groupements à Calamagrostis quant à eux, se rencontrent plus couramment parmi les phalaridaies marécageuses et forment de belles stations, ça et là dans les marais de l’Erdre. Toutefois, on les rencontre également en retrait des mégaphorbiaies eutrophes de bas fonds décrites précédemment.
Marais à Laureau et tourbière hautes susceptibles de régénération (71.20)*
Les formations à Laureaux constituent des fourrés odorants bas aisément identifiables. Cette association relativement rare dans les autres grands marais du secteur se trouve ici, bien représentée. On la retrouve aussi bien dans les secteurs tourbeux actifs en fin d’évolution sur la tourbière de Logné qu’au niveau des bas marais et des roselières sur le marais sauvage de Mazerolles et le vallon de l’Hocmard. Les populations semblent stables et tendent même à supplanter les roselières dans les secteurs les plus mouillés. Les zones boisées, fermées par le bouleau, autour de la tourbière de Logné, conservent encore cet habitat en sous-bois. Ils forment donc une composante caractéristique originale des marais de l’Erdre.
Tourbière de transition et tremblants (71.40)*
Décrit dans la bibliographie, cet habitat présent sous la forme de radeaux tourbeux n’a pas été rencontré lors des dernières prospections (2001). Cependant, des reliquats ont été observés parmi les roselières, les myriçaies et surtout les magnocariçaies, situées dans les petits marais de la rive droite de l’Erdre et le vallon de l’Hocmard. La présence passée de cet habitat est marquée le plus souvent par le maintien du Comaret, souvent accompagné de la linaigrette. Le trèfle d’eau qui reflète habituellement l’activité turfigène de cet habitat n’est pratiquement jamais présent. La fermeture du milieu et l’eutrophisation de l’eau sont certainement à l’origine de sa disparition progressive.
Dépressions sur substrat tourbeux (71.50)*
Les dépressions à Rhynchospora et Drosera se rencontrent uniquement dans la zone encore active de la Tourbière de Logné. Elles forment des habitats très localisés de faible surface qui occupent les petites zones décapées artificiellement et les cheminements ouverts par le piétinement. Ces stations confèrent une valeur patrimoniale forte aux tourbières en raison des espèces qui les occupent (Drosera, Malaxis des marais). Ces plantes protégées au niveau national présentent également un fort intérêt auprès du grand public et servent souvent d’espèces emblématiques pour la protection des tourbières.
Les stations présentes sur Logné sont rendues particulièrement fragiles en raison de la fermeture naturelle du milieu. Elles sont, par conséquent, fortement dépendantes des actions de réhabilitation menées par l’association gestionnaire du site (SEPNB-Bretagne Vivante).
Vieille chênaie acidiphile de plaine (91.90)*
Il s’agit de boisements ouverts sur sols hydromorphes acides oligotrophes, comportant une végétation caractéristique de Molinie en sous-bois et de Chêne pédonculé et/ou de Bouleaux pour la strate arborée. Ces chênaies particulières sont curieusement peu représentées sur l’Erdre ; les quelques stations relevées l’ont été sur Blanche-Noë et en quelques points autour de la tourbière de Logné. L’eutrophisation générale du secteur et l’assèchement des marais exploités sont probablement à l’origine de leur évolution vers des boisements mésophiles plus classiques (Ouest-Aménagement, 2000).
* Code identification Natura 2000