La Loutre d’Europe (Lutra lutra)
Statut de protection
- Directive "Habitats" : annexe II et IV
- Convention de Berne : annexe II
- Protection au niveau national
Description
L’un des plus grands mustélidés d’Europe (0.70 à 0.90 m pour la longueur du corps, 0.30 à 0.45 m pour celle de la queue, poids moyen de 5 à 12 kg). Pelage brun à marron foncé, avec une bourre épaisse et hydrofuge. Forme fuselée, parfaitement adaptée à la nage. Les 4 pattes sont palmées.
Le retour au milieu aquatique, faisant suite à la conquête du milieu terrestre, s’accompagne d’un grand développement psychique : la loutre est le mustélidé qui possède de la plus grande céphalisation.
Les indices de présence de l’espèce sont relativement faciles à établir : les laissées en particulier, appelées épreintes, dégagent une odeur caractéristique et participent de façon éminente au marquage territorial et sexuel.
Biologie de l'espèce
Le régime alimentaire est avant tout piscivore. Mais la loutre peut également manger des amphibiens, des crustacés, des mollusques, des mammifères, des oiseaux, des insectes, l’animal adulte consommant 1 kg de proies en moyenne par jour. L’activité est principalement nocturne. La loutre se reposant en journée dans des caches de nature variée (terrier, roncier, roselière dense). La loutre d’Europe est en général solitaire, les contacts entre individus différents n’ayant véritablement lieu qu’au moment de la reproduction et de l’élevage des jeunes dont le sevrage a lieu vers 8 mois. Les chaleurs de la femelle peuvent avoir lieu tous les 30-40 jours et la loutre peut donc se reproduire à n’importe quel moment de l’année.
Facteurs écologiques - Habitats
La loutre est étroitement inféodée aux milieux aquatiques qu’elle choisit en fonction de critères de tranquillité et de couvert végétal ainsi qu’en fonction des ressources trophiques. En France, l’espèce se trouve dans plusieurs types d’habitats dont certains se rencontrent en Loire-Atlantique (ceux qui se rapportent aux grandes zones humides continentales et estuariennes des marais de l’Ouest ainsi qu’aux cours d’eau et rivières oligotrophes avec étangs et lacs associés, …). Les deux principaux bastions de l’espèce dans le département sont actuellement le bassin de Grandlieu et le bassin du Brivet mais la reconquête récente de la Sèvre, de la Maine, du Canal de Nantes à Brest, des marais de Basse-Loire, des marais de Redon et de ceux de l’Erdre est désormais patente.
Facteurs favorables
- Bonne qualité physico-chimique des eaux
- Bonne qualité des peuplements piscicoles
- Quiétude des marais associés à la rivière
- Entretien des berges conforme aux exigences de l’espèce (cf. « Plan de restauration de la Loutre d’Europe en France » juillet 1999, document réalisé pour le compte du Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, Direction de la Nature et des Paysages)
- Réglementation de la pêche aux engins (susceptibles de présenter des risques pour la loutre : nasses, verveux, …)
- Prise en compte (par ailleurs réglementaire) de la présence de la loutre dans tout projet d’aménagement du site (penser notamment à la pose de passages adaptés sur les infrastructures routières les plus sensibles
Facteurs défavorables
- Destruction des habitats aquatiques et palustres
- Pollution, eutrophisation
- Diminution du stock piscicole et de sa diversité
- Densification, autour et dans la vallée, du réseau viaire, augmentant les risques de mortalité routière accidentelle
- Dérangement par développement du tourisme et des activités nautiques
- Empoisonnement des rongeurs par anticoagulants
Etat de conservation des populations et des habitats sur le site
Notée en 1820 au niveau des marais de Mazerolles par Edouard Richer qui la qualifiait alors de relativement commune, la loutre a disparu progressivement en Erdre et n’a plus été notée jusqu’aux années 1990 (cf. « Situation de la loutre Lutra lutra dans les départements de Loire-Atlantique et de Vendée » Eminea – Pro Lutra, DIREN Pays-de-la-Loire, 1994).
Depuis quelques années, peut-être en provenance de ses fiefs morbihannais, via le Canal de Nantes à Brest, l’espèce est à nouveau signalée dans la moitié nord du site (plaine et marais de Mazerolles, plaine de la Poupinière, confluence Erdre – Canal de Nantes à Brest).
En voie d’expansion apparente (phénomène général constaté en Loire-Atlantique), la population actuelle de l’Erdre est encore très faible et fragile (quelques individus, avec sans doute moins de 3 femelles adultes en 2000).
Elle occupe pour l’instant la partie la plus sauvage du site, en amont de Sucé-sur-Erdre.
Le caractère très poissonneux de la rivière et de ses marais (avec en outre, la prolifération récente d’Orconectes limosus, …), la quiétude et l’impénétrabilité, faute d’entretien, de certaines zones (marais sauvage de Mazerolles, marais de la Bodinière, …) et la nouvelle gestion hydraulique dont le règlement, en facilitant la navigation fluviale estivale, est également propice à l’espèce, sont autant de caractéristiques actuelles favorables de l’habitat de la Loutre d’Europe en Erdre
Enjeux
L’espèce figure parmi les mammifères les plus menacés d’Europe. Elle est inscrite à l’annexe II et à l’annexe IV de la Directive Habitats – Faune – Flore, à l’annexe II de la Convention de Berne et est intégralement protégée en France. Au niveau départemental, quelques signes de recolonisation de zones humides (dont l’Erdre) où l’espèce avait disparu, sont de bonne augure. Mais la situation reste cependant très fragile et au niveau national, seuls deux grands ensembles sont véritablement occupés par la loutre, la façade atlantique et le Massif Central, alors que l’espèce était abondante et présente dans toute la France jusqu’en 1930.
Application des mesures préconisées dans le Plan de Restauration de la loutre d’Europe en France (Ministère de l’Environnement, 1999).
Intégrer systématiquement cette nouvelle "donne" mammalogique prestigieuse que représente le retour de l'espèce à tout projet d'aménagement de la vallée de l'Erdre.
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En téléchargent le document d'objectif, vous aurez la liste des espèces présents sur les marais de l'Erdre.